Dans la tête d'une marathonienne en herbe sur les collines du Mog'run

Salma est une runneuse que j'ai connu avant même de lancer le blog sur le groupe "jeunes mamans" sur facebook...elle l'est l'une de mes plus fidèles lectrices et c'est grâce à des personnes comme elle que je trouve l'inspiration et la motivation...
Ce dimanche, elle est venue à Mog'run, c'est une première fois pour elle...Alors, elle nous apporte son témoignage sur cette expérience MAGIQUE comme elle dit ...

"Quand j’ai dit à mon entourage que je voulais aller a la course Mog-run pour la 1^ère fois, tout le monde m’a dit pourquoi aller jusqu’à Zagouene pour courir. Tu deviens folle avec ce truc de course à pied. Ils ne me comprenaient pas. Mais ce n’est pas grave! Moi, j’avais des dizaines de raisons de vouloir y aller : parce que je voulais courir dans une forêt, parce que je voulais sentir l’air frais en courant, parce que je voulais un peu d’aventures, parce que je voulais absorber toute l’énergie d’un groupe de runners et parce que je voulais sentir cet euphorie de l’avoir fait à l’arrivée et je ne suis pas déçue.

Déroulement de ma matinée hors du commun..

7h15 : Arrivée, en retard, pour le covoiturage, pendant la nuit, je me suis réveillée toutes les 2 heures j’avais peur de rater le départ. Heureusement pour moi tout se passe bien. Je ne remercierais jamais assez Taieb de nous avoir conduit jusqu’à Zaghouan.

Sur la route, bonne ambiance : entourée par des personnes positives qui racontaient leurs expériences de runners confirmés ; les marathons nationaux et internationaux où ils ont couru. Quelques conseils pour la runneuse débutante que je suis. Je réalisais à chaque kilomètres parcourus la chance que j’avais de courir avec et surtout derrière ces runners. Heifa! c’est toi qui m’as fait entrer dans ton groupe. Je te suis redevable à vie. Merci. On m’a aussi expliqué le parcours de Zaghouan : quelques pentes et un terrain impraticable : cailloux, trous … un vrai défi quoi! Mais j’étais rassurée je savais qu’il y avait une ou deux pentes. J’étais très loin du compte.

8h10 : Arrivé à l’endroit ou on devait se rassembler, je cherchais du regard le peu de personnes que je connaissais, j’inscris mon nom. Il y avait de plus en plus de monde. On prenait des photos.

Dédicace à Heifa: j'adore tes selfies

Il y avait ceux qui couraient pour s’échauffer. Il y avait des personnes de tout âge. C’était magique de voir autant de personnes rassemblées pour la running.  

Ambiance avant le départ

9h00 : Avant le départ, minute de silence en hommage à Si Slim ABDENNBI, qu’il repose en paix. Le départ est lancé. Tout le monde commence à courir. Après quelque mètres une douleur au mollet et une fatigue que je ne comprends pas. Mais je suis habituée, ca va passer. De toute manière je n’allais pas lâcher. J’étais avec deux amis Hajer et Habib.

Avec Hajer et Habib

Les gens nous saluaient nous disaient bravo. La garde national était derrière nous. Bravo à eux et merci de surveiller nos arrières. Vous avez été là jusqu’à la fin.

On entre dans la forêt, là ou théoriquement ça devait se corser. Déjà, il y avait plein de monde qui m’a dépassé. Il restait une femme et trois hommes qui ne couraient pas très loin de moi. Je suis restée comme d’habitude à la traîne derrière mais je n’étais pas toute seule il y avait un ange gardien avec moi il s’appelle Habib, qui court à la même vitesse que moi, Hajer nous avait dejà dépassé. Bravo Hajer ! Ma fatigue s’accentuait et  j’avais mal au mollet. Je me plaignais c’étais plus fort que moi. Et je ne comprenais pas pourquoi j’avais mal ce n’est pas la première fois que je cours je ne compte même plus les fois où j’ai couru.

Ensuite, j’ai compris il y avait déjà une petite montée. Et moi, j’ai HORREUR des montées et des pentes. J’aime les surfaces plates et je ne cours que sur des surfaces plates. Mais bien sûr je n’allais pas faire ma princesse et m’arrêter : montée ou pas je continue en criant que je déteste les pentes. Pauvre Habib il était à côté, je lui cassais les oreilles : il m’a du entendre me plaindre des dizaines de fois. Et au lieu de me dire IBF (Ijri et Balla3 Fommek), il me disait on ne lâche pas on continue, il a été un ange!  Comme à chaque fois je me disais mais qu'est ce que je fous là?! Je pourrais être sous ma couette avec mes gosses et pourtant je suis entrain de courir et le plus fou c’est que je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. La nature me donnait de la force. C’était beau toute cette verdure. Je faisais le vide dans ma tête. Chaque respiration me ressourçait!

La nature à l'état pur!

Moi qui ne m’arrête jamais quand je cours pour faire des photos je n’ai pas pu m’empêcher : ça  sentait bon, il faisait bon et tout était beau. Et ça montait encore et encore!

5 km parcourus, le ravitaillement, j’ai pris une gorgée d’eau autre chose que je faisais jamais en courant. Décidemment cette course bouscule toute mes habitudes. Et on continue : parfois Habib me dépassait parfois c’est moi qui le dépassais. Devant nous il y avait toujours les mêmes personnes mais on était les derniers. Mais on s’en fichait on était TROP contents TROP motivés malgré la fatigue malgré mes plaintes malgré le terrain difficile. Les pentes étaient dures pour moi et j’ai dû les monter en marchant mais je recommençais à courir à la descente. Pas question d’abandonner et j’étais là pour courir pas pour une promenade à pied.

Au bout de 7km parcouru on arrive Habib et moi à rattraper la femme devant nous. En passant à côté d’elle on s’est rendu compte qu’elle souffrait. Elle avait mal à la jambe. Elle s’est blessée dans la semaine et elle est quand même venue. Son courage, sa force et son endurance face à la souffrance m’ont boosté encore plus. Maintenant la course on allait la terminer Habib, Molka et moi. On allait y arriver les trois ensembles. On parlait de nos vies, de nos enfants, de nos conjoints respectifs pour que Molka oublie sa souffrance aux pieds pour que moi j’oublie qu’il reste encore des pentes et pour que Habib continue à nous dire qu’on ne lâchera rien.

10km encore un autre ravitaillent je reprends encore une gorgée d’eau en pensant que le plus dur est passé. Le paysage est toujours à couper le souffle. Il avait plu le soir, le terrain est vraiment impraticable. A la fin de la course, mes pieds portait mes 50 kilos plus 3kilos  de boue dans chaque pied. C’était dur je commençais à fatiguer et je ne voyais pas la fin mais je savais qu’elle était proche.

A quelques mètres Molka, Habib et moi on se tient la main et là les forces nous reviennent on nous applaudissait on nous félicitait. On revient là où on a commencé la course mais on était plus seul on était les 3 ensembles. On avait plus mal on était euphoriques et heureux. ON L’A FAIT.

A quelques mètres de l'arrivée

Si je devais retenir un seul mot de ma course Mog-run c’est : COURAGE. Le courage de continuer, de réaliser ses objectifs malgré les obstacles.

We did it !

C’était magique du début jusqu’à la fin. Je reviendrais, je sais que je reviendrais. La course à pied c’est comme un accouchement. Et je sais de quoi je parle j’en ai eu deux. On sait qu’on a souffert, on sait que c'était dur mais on ne se rappelle que d’un seul sentiment : celui ressenti au moment de la délivrance! Quand on termine la course et qu’on se sent tout simplement VIVANT." 

Salma