1 avr. 2016

Etre meneur d'allure : la magie d'un rêve partagé (2/3)



Dans un précédent post, je raconte l'expérience "meneur d'allure" telle que je l'ai vécue....avec l'équipe des ballons bleus. Sophie et Mona qui ont constitué l'équipe des ballons roses nous racontent ici leur ressenti de cette même expérience...ci après...

Le récit de Sophie

"Le semi-marathon des Foulées du Mégara fait partie des courses phares auxquelles je participe depuis que je suis expatriée en Tunisie, soit 4 ans. Mais cette année sera un peu particulière. Quelques semaines avant, une amie de running m’explique que l’on veut introduire des meneurs d’allure dans cette course et me demande si je souhaite en faire partie. L’idée me séduit tout de suite et j’accepte avec grande motivation. Donc nouvelle approche de la course, plus question de faire un temps et ou un classement. Mais mon rôle sera de tenir un rythme précis pour que des coureurs puissent s’y accrocher et surtout d’être présente pour les encourager. Comme le chrono n’aura pas d’importance pour moi, je souhaite choisir un temps qui me permettra de courir à l’aise et de jouer mon rôle au mieux. La barre des 2 heures me parait un excellent challenge. J’imagine que pour les coureurs qui courent dans ces temps-là, passer pour la première fois sous 2 heures est un véritable défi. Je me dis donc que si je peux être là pour les motiver et les aider à réussir cet objectif, ce sera pour moi une véritable satisfaction. De plus, j’apprends que l’on va faire courir les meneurs d’allure en binôme et que la coureuse qui sera avec moi est une amie que j’apprécie énormément. Il me tarde donc vraiment de me retrouver sur la ligne de départ des Foulées. Des couleurs sont attribuées aux meneurs en fonction de leur temps. L’équipe des 2 heures sera en ROSE. 

Le matin de la course vêtue de rose, je reçois un ballon rose rempli d’hélium avec l’inscription 2 heures. A moi d’accrocher ce ballon sur ma tenue afin qu’il reste au-dessus de ma tête sur 21,1 km. Comme chaque année l’ambiance avant le départ de la course des FDM sur le boulevard de la Marsa bat son plein. Je suis avec ma coéquipière et quelques coureurs nous jettent des regards intrigués. Eh oui, ici en Tunisie, nous ne sommes pas habitués aux meneurs d’allure et c’est donc une grande première. Le départ est donné et afin que les gens comprennent notre rôle dès le début nous commençons à motiver les coureurs en criant « Les 2 heures avec NOUS ! ». Le défi est lancé et surtout il va falloir tenir un rythme impeccable pour terminer dans le temps prévu. Bien-sûr la veille au soir, je me suis fait un petit récapitulatif des temps de passage pour chaque kilomètre que j’ai sur un petit bout de papier au fond de ma poche. De plus sur la paume de ma main sont inscrits les temps de passage pour 5, 10, 15 et 20 km. Certains coureurs choisissent de se mettre avec nous dès le départ et jouent le jeu en encourageant et en chantant avec nous pour motiver la troupe. Grâce à mon GPS, j’informe les coureurs régulièrement de la distance parcourue. Connaissant le profil de la course, je leur conseille de profiter des descentes pour gagner un peu de temps sur le "timing" car je sais que quelques belles montées nous attendent et que le rythme risque baisser un peu à ce moment-là. Je sais également que la deuxième partie du parcours est moins roulante. La course va bon train dans une ambiance conviviale et chantante qui perdure tout au long des paysages. Nous essayons d’encourager les coureurs que nous rattrapons afin qu’ils s’accrochent à notre groupe. Les côtes de la deuxième partie défilent gentillement, la fin de la course s’approche, dernière montée effectuée. Nous commençons à être envahis par l’euphorie de l’arrivée. Les yeux rivés sur le chrono ; arriver quelques secondes avant les 2 heures serait idéal. Dans le dernier kilomètre, mon impatience me fait oublier de me méfier des arbres, un « boum » se produit au-dessus de ma tête, zut un Eucalyptus, c’en est terminé pour mon joli ballon rose qui ne passera pas l’arrivée avec moi. Heureusement celui de ma coéquipière est toujours au-dessus de sa tête. Notre arrivée est acclamée par la foule. Challenge réussi 1h59 et quelques secondes. Ce fut une expérience mémorable et très amusante. Certains coureurs sont venus nous remercier à l’arrivée. Vive le running et « les 2 heures tous avec NOUS »!!!! Merci aux organisateurs, au groupe des 2 heures et à Mona (mon binôme)."
Crédit photo Joggers de Rades

Le récit de Mona :

"Pour ma 4ème édition des Foulées du Mégara de cette année j’avais décidé de donner une couleur  à mon semi-marathon celle de mon ballon, au lieu d’arborer un chrono,  je partage avec vous mon expérience de Ballon (meneuse d’allure).
A cours de ces 5 ans de course à pied il s’est avéré pour moi que dans ce sport de prima bord individuel  le Running  est très riche en partage, d’expériences , de conseils , de challenges aussi !
Je vous épargnerai  l’énumération  de mes compétitions, entre autres j’ai eu  l’opportunité  de courir ailleurs qu’en TUNISIE et là de comparer … il est vraiment temps de bouger et d’encourager ceux qui veulent bien se bouger pour faire évoluer la course à pied en TUNISIE !
Le Semi-marathon du Mégara , que j’ai vu grandir, pour devenir les Foulées  Du Mégara daujourd’hui,  et  qui m’a fait grandir aussi d’une année à l’autre à l’instar d’autres compétitions , m’apportant beaucoup d’émotions , est à chaque édition,  l’occasion de réalisation aux mordus de la course à pied comme moi …  et jusque là je n’ai fait que me servir !
Et voici qu’au mois de Février dernier, il a été temps de donner,  lors d’une conviviale une amie de longue date du groupe me chuchote à l’oreille son ambition de constituer un groupe de meneurs pour cette course !
Ma réponse était un OUI sans hésitation aucune, cette expérience de meneur répond tout à fait  à mon envie d’apporter quelque chose à la course autant qu’aux coureurs qui me suivront dans l’allure !
 La question s’est seulement posée pour moi pour  le temps 2h ou 2h 05 ?! Après un premier essai j’opte pour 2h Même s'il aurait été souhaitable de laisser 10 mn entre chaque ballon il m’a semblé que le 2h00 est plus symbolique  pour un FINISH !

Me voici donc au jour J , pour ce DIMANCHE du 27 Mars,  22° , annoncée à la météo, malgré mon expérience mon dilemme vestimentaire du matin est inévitable , j’avais prévu de courir en short mais si  je subis  un contrôle policier en route et que j’aurais à descendre de voiture (et cela m’est déjà arrivée )  il fallait prévoir un legging long dessus !
Oups , très en retard ! J’avoue la vérité pour tous mes rendez vous, il y a toujours 5 à 10 petites minutes qui me font toujours  défaut !  Bref ! Me voilà arrivée …
8h20 à ma montre une belle foule , des visages connus, une belle ambiance de fête comme d’accoutumée … et voilà mon « binôme rose » une amie de longue date aussi , que la course m‘a présentée et que d’affinités je me suis liée , sans ballon encore !
On s’est promis de se retrouver là haut pour synchroniser nos montres ! (Nous étions garées toutes deux au parking de la maison de jeunesse)
Allez ouste Mona grouille toi !
En vue les " Ballons"  , roses , bleus , jaunes , un bonjour à toute  l’équipe ,  je récupère le mien et je ne sais comment en un tour de main  mon fil à peine noué au bras se défait !
Le temps d’un instant que je ne saurai  déterminer j’ai vu mon rêve du jour s’envoler !
Mes amis autour le suivent du regard,  un laps de temps je relis mon 2h00 dessus voler dans les airs et m’envahit  le besoin immédiat de le rattraper !
Le N°du ballon man ? JE NE L’AI PAS …. Direction l’amie qui a traité avec lui qui devant ma panique et les 20 minutes restantes avant le départ  me tend son téléphone sans vouloir rien entendre du reste !
Il fallait être fou pour y croire encore … Et que serait la vie sans ce grain de folie ?!
 "Le balloon art man" était au niveau de l’Aouina ! Ouf pas trop loin!
Je ne sais pas si c’est le timbre de ma voix ou sa conscience professionnelle mais il revient, avec un 2ème ballon de réserve. Enfin !
Mon ballon attaché et bien comme il faut cette fois : Plus que 5mn pour le départ !
 Tanpis pour moi pas  de photos ! un échauffement improvisé dans la course de la quête du ballon ! Mon cœur bat la chamade , je me fraie  un chemin dans le peloton de départ  pour rejoindre le groupe des meneurs  les situant par leurs ballons  et voilà que je tombe sur mes amis de courses habituels du parcours d’El Menzah qui comptaient parmi eux deux «  revenants  « la pause photo" m’a fait retrouvé le sourire et calmer un peu mon stress !
Crédit photo FDM
Cà y est, on part ! Binôme rose en vue ! Le temps de rythmer nos foulées, de trouver une stratégie commune de course  de synchroniser nos chiffres ! Je lève la tête et déjà un petit peloton s’est formé autour de nous ; entre autres les amis d’El Menzah ( en préparatif de du marathon de Rome ) qui avaient  pour objectif de maintenir une vitesse qui ne descendra pas du 10.5, quelle belle coïncidence la même que nous ! A NOUS LES MENEURS  de jouer … du coup une criée s’est improvisée : « les 2h avec nous ! » vite fait de devenir l’hymne du groupe !
Mon voisin repéré tentant de rythmer sa cadence à la mienne se présente Ridha et ce fut «  Ridha avec Nous ! » Puis au tour de  Oussama … Bilel  et de One un chinois…  et une ambiance de convivialité s’est installée dans le groupe ... J’ai adoré arboré cet exercice  de coaching déjà exercé avec une amie lors du semi de Sfax mais cette fois ci avec un œil plus fréquent à ma montre pour être dans l’allure moyenne préétablie .
De la joie et de la bonne humeur, sur le visage de chacun qui ont fait passer les 15 premiers kms avec un gain de 2mn d’avance pour attaquer le 2ème tronçon. Au préalable, mon binôme avertie que nos pentes  seront à deux rythmes différents donc les deux ballons roses s’espacent … Autour de moi les sourires se font plus rares malgré mes encouragements,  mais connaissant bien le parcours, l’avance annoncée sur ma Garmin me suffira pour ralentir en pentes et rallier quelques coureurs à mon allure .
Les 2 ascensions qui ont suivies le ravitaillement en face du Palace ont eu raison de mes troupes. Moi-même au niveau du pic  qui surplombe  la baie de Gammarth (Niveau Restaurant Grand Bleu ) je suis arrivée en mode IBF comme le dit si bien un de nos doyens de la course c'est-à-dire en  débit de parole réduit .
Rien ne va plus, ma montre indique un retard de 2 minutes par rapport à mon allure supposée et mon binôme 400m plus bas, j’entame la descente comme prévu à haute voltige et dans ma volée j’entraîne trois coureurs  emportés par mon allure. Arrivée au niveau de la «  Tour Blanche  «  environ au 19ème un coureur connu des parcours trail prend ma cadence et m’interroge à nouveau par rapport à ma vitesse de parcours je ne dévoile pas la vérité parce que je savais qu’il fallait que j’accélère pour  que je finisse dans les temps et à nouveau un groupe de coureurs quelque peu exténués  se constitue autour du « Ballon » la plupart ne connaissant pas le parcours … » IL NE RESTE PLUS QUE 2 kilomètres ! ALLEZ  pour les encourager à finir le dernier dénivelé : le faux plat de la mort pour parler comme les enfants !
Plus de ballon Rose en vue !
Mais une fois arrivée au sommet j’ai tout compris des bouts de caoutchouc écrasés sur le bitume : le même bougainvilliers qui a eu raison du ballon de l’épreuve à blanc a eu aussi raison de celui de mon binôme !

Un dernier coup d’œil à ma montre pour évaluer la dernière accélération pour la dernière ligne droite et en avant … tête baissée  je roule au 5'20'' pour atteindre un 4…. Et là 3 coureurs s’amusent à challenger ma vitesse, à peine je lève la tête que je rencontre le joli sourire de mon binôme qui essaie de me dire quelque chose mais que je ne parviens pas à ’entendre… Nous courons maintenant côte à côte les cris de l’arrivée malgré le volume max de mon casque me parviennent! J’entends mon prénom au micro de l’animation annonçant notre arrivée. Le public acclame et voilà que nos deux foulées se régulent comme au début au diapason. L’afficheur numérique indique 1h59', toutes deux les bras bien haut «  IL Y EST  le ballon rose 2h » !!!!
Crédit photo FDM
Quelle a été ma joie de  recevoir les remerciements et de retrouver Oussama et  d’autres  pour des photos pour avoir nourri leur espoir  … et relever  leur défi  ne ce serait ce que pour quelques mètres ou kilomètres … heureuse expérience, vraiment !

juste encore quelques mots : Merci à Sophie ma binôme d'avoir partagé cette aventure ! Et...

 … NE LAISSEZ JAMAIS VOS REVES S’ENVOLER ! "

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