11 sept. 2016

The Mangoub, une rando-course d'une autre dimension



Voilà des années que j'accompagne les joggers de Tunisie dans leurs sorties du dimanche et que j'entends parler de cet endroit avec des expressions l'air de dire, si tu n'as pas été au Mangoub, tu n'as encore rien vue de la course à pied! J'étais impressionnée avant même d'y être allée. Je savais qu'il y avait un dénivelé important mais je voulais relever le défi. Si d'autres l'ont fait, pourquoi pas moi!
La sortie avait été programmée pour le 21 août, soit la veille de ma reprise après ma coupure estivale et le lendemain du Zriba Nightrail. J'ai alors demandé à mon ami joggers en contact avec les organisateurs de décaler la sortie pour le dimanche d'après. Je ne raterais pas cette sortie! Je veux l'inscrire sur mon CV de runneuse! De plus, vu que je commencerai bientôt la préparation d'un ultra trail, c'est une occasion pour y voir plus clair, de prendre confiance...(ou pas)

Nous y voilà! Le réveil qui sonne à 4h du matin un dimanche matin du mois d'août, je me prépare...
Ce matin, je suis psychologiquement prête, le départ effectif de la course prévu pour 6h30 ne se fera pas avant 7h, la route sera longue avant d'arriver au Rafraf, je ne m'impatienterai pas et je ne stresserai pas! Positive attitude!

J'avais raison, premier rassemblement, puis deuxième, troisième, le départ sera donné à 7h08!
Au début c'est une route qui monte un peu mais rien de très compliqué, à petites foulées et sur la pointe des pieds, j'y vais en mode économique, je sais que la route est encore longue et qu'il fera chaud. Quand nous entrons dans la partie forêt, le payasage change mais le sol aussi. Je suis concentrée, nous sommes encore dans les premiers kilomètres mais ça monte! Tout à coup ce n'est plus de la terre mais des dunes de sables, je cours un peu puis je commence à marcher en alternant les 2 et en profitant des paysages (que je n'aurais jamais eu l'occasion de découvrir et oh combien impressionnant). Yacine à côté me dit : "rien que pour cette vue, ça valait le coup de se lever à 4h du matin." Je ne peux qu'acquiescer!

Puis commence la montée vers le rocher du Mangoub, une sorte d'escalier improvisé dans la montagne. Nous sommes en randonnée désormais. Certains passages permettaient de courir mais il fallait être prudent! C'est alors que j'entends les cris de ceux qui nous ont déjà devancé et qui étaient arrivés au sommet! Je n'avais alors qu'une seule hâte y être!
On y est! un payasage époustouflant, on a pris la pause! La nature a quelque chose d'apaisant et celle en face de nous était non seulement apaisante mais encore plus imposante ! On se sent tellement petit à côté, à la limite comme un intrus dans cette immensité!
A ce moment, je ne ressens pas encore la fatigue et je ne réalise pas qu'on a parcouru juste 5km et qu'il nous en reste 13...

Au final, cette rando-course aura duré 4h, durant lesquelles nous nous sommes arrêtés plusieurs fois, une fois parce que certains voulaient se baigner à Sidi Ali Mekki, une autre à Sidi Ali Mekki pour visiter le lieu saint et nous ravitailler et une 3ème avant d’entamer la montée de la montagne de Ghar El Melh parce que Si Hamouda tenait à ce que nous nous hydrations convenablement.
Ma garmin affiche : temps écoulé 3h52/ temps de déplacement 2h17.
Entre le rocher d'El Mangoub et le moment où les joggers ont décidé de se baigner, j'ai un blanc, je sais qu'on est redescendus, je sais qu'il n'était pas facile de courir parce que le sol était caillouteux et chaque foulée représentait un risque de blessure. A ce moment aussi, je sais que mon sac d'hydratation était vide...je n'avais qu'une seule hâte arriver au point de ravitaillement de Sidi Ali Mekki, sous ce soleil brûlant, mes quadriceps me faisaient un peu mal mais c'était gérable et vu que nous étions à la moitié du parcours je m'interdisais de me plaindre et de ressentir une quelconque douleur, sinon j'allais être handicapée de la tête! Je voulais faire un trail de 72 kilomètres je devais me prouver une résistance aussi bien physique que mentale!

Après Sidi Ali Mekki, nous redescendons vers la plage, je pensais très sincèrement qu'il n'y aurait plus de montées mais logiquement et vu qu'on était de l'autre côté de la montagne par rapport au point de départ, je prenais juste mes rêves pour de la réalité. Je reconnais les lieux, Cap Farina, une partie du parcours de Ghar El Melh, je cours aux côtés de Bilel en poussant la chansonnette, histoire de me motiver, Hamouda nous somme de nous rassembler devant le café, je réalise qu'on va escalader cette montagne. Comment vous dire ! j'ai fait le semi-marathon de Ghar El Melh 3 fois et j'ai regardé cette montagne et me suis dit ça serait fou que quelqu'un essaie de l'escalader et bien on était assez fous pour le faire! 

Bizarrement, je ne peux pas dire que la montée était interminable parce que dans ma tête il y avait ce défi de décembre en pleine nuit! Je me disais que malgré la chaleur le challenge de ce matin n'était pas aussi important que celui qui m'attendait. Par contre, je me posais des questions par rapport à la descente, aurais-je assez de force pour tenir?! Je n'avais pas le choix! Quand on est arrivés en haut, il semblait impossible de redescendre, il n'y avait pas de chemin...mais le lit d'un ruisseau couvert de branches où on allait se suivre les uns les autres...spectaculaire, magique, impressionnant où chaque pas était un défi! 
Voilà c'est fini, nous sommes au quinzième kilomètre! Il ne reste que 3 qu'on fera en courant. Je puise au fond de ma tête et de mes jambes et je fonce jusqu'au bout....

Une belle aventure on va dire, sans regrets, heureuse de l'avoir fait, le défi était double avec 32°C sur la tête et sur le corps! J'ai du avaler 3 litres d'eau au moins et 2 à l'arrivée, mes pieds étaient en compote, j'ai passé la journée dans un état semi-conscient mais les images resteront à jamais gravées dans ma tête!
En me voyant en fin d'après midi et en voyant ma tête, ma mère a cru que j'avais passé la journée à dormir ou à pleurer, elle a rien compris...j'étais pale de fatigue mais heureuse et euphorique...

2 commentaires: