10 mai 2018

La table de Jugurtha




Contexte de la course...

"Votre présence ici signifie la vie pour les habitants de la région..."avait dit Amira Feriani, l'organisatrice du trail dans son speech de présentation. Pour elle, cette manifestation était beaucoup plus qu'un évènement sportif, encore moins juste un trail mais le début d'une longue aventure. Je n'avais pas vraiment pris le temps de lire et de me documenter sur le projet siccaveneria mais ses mots m'ont touchées, motivées, ce projet vise la relance économique et sociale de la région frappée par la sécheresse et la pauvereté ...on était là pour les meilleures des raisons. Au delà de la découverte de la région et au delà de l'aspect sportif..."Le grand Trail de Jugurtha vient souligner les efforts de reconversion d’un territoire au centre de toutes les attentions depuis la demande de son inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous avons tenté une expérience nouvelle pour montrer une innovation qui contribue fortement à une forme de démocratie culturelle. La table de Jugurtha, située au cœur d’un environnement naturel magnifique, c’était comme une évidence de l’associer à l’univers du Trail. C’est également l’opportunité inouïe de découvrir et de mettre à l’honneur un patrimoine naturel méconnu bien que millénaire et de confirmer notre conviction d’un fabuleux potentiel et destin touristique des environs qu’il serait dommage de survoler" racontent-ils ( Amira Feriani et Ramzi Jbebli).


Mon vécu...

Courte nuit, petit déjeuner inhabituel mais je prends mon temps, je ne suis pas bousculée, je suis dans mon truc. Nous partons vers le lieu de départ en bus. En cours de trajet, j'ai le mal de terre, je suffoque, j'ai une crise d'angoisse, je transpire. J'ouvre un peu la fenêtre mais ça ne passe pas. Je respire et je ferme les yeux. On y est enfin. Quelques minutes pour se dégourdir les jambes et prendre des photos...nous sommes à 30km de cette majestueuse table, à côté de ce barrage en construction. Un barrage qui sauvera peut être la région de la sécheresse. Pour arriver à cette table, nous emprunterons les chemins que suivent les contrebandiers...

L'idée ce matin est de courir aux sensations en essayant de marcher le moins possible et surtout sans aggraver mes blessures. Premier objectif, me faire plaisir et dompter les montées en trottant le plus souvent possible. On chante l'hymne national à Capella, on fait le compte à rebours et c'est parti.


Je sais que ça monte jusqu'au 16ème où il y aura un ravitaillement. Mais en réalité ça ne monte pas beaucoup, 10km et toujours rien enfin presque, ce n'est pas du plat, c'est un sentier qui monte doucement et parfois brutalement mais qui se laisse courir. J'étais tentée d'accélérer mais en regardant la table tout en haut, je ne cessais de me rappeler du chiffre 1200 D+. Je reste donc dans la retenue, je ne veux surtout pas me mettre dans le rouge. soudain, au km 14 je vois une tente au bout de la montée, c'est un ravito (surprise il est au 14ème). Je prends 2/3 mn pour boire et manger, remplir mes flasques et je repars, toujours en jambes et en forme. Nous sommes donc à 14km avec 200D+, il reste  1000 D+ sur 15km tout en sachant que sur les 6 prochains on va plus descendre que monter.


Tous ces calculs me bloquent. Je prends conscience que le fait de ne pas connaitre le parcours (emplacement des montées et longueur) me bloque. Wassim, un coureur qui est venu pour être certain qu'il déteste le trail, m'accompagne à partir du 2ème ravito en jouant les troubles fêtes : "on devrait abandonner et dire qu'on est blessés, c'est sympa ! 2 km après, allez cette fois on abandonne...mais pourquoi je suis là, je déteste le trail...Bref c'était sympa de l'avoir à côté". Nous passons ce fleuve "sec", il était exactement comme l'avait décrit Amira...puis nous passons sous le pont où il y avait écrit "I love trail" et Wassim avait répondu : "I hate trail"...au fur et à mesure qu'on avançait le paysage changeait mais je restais admirative...
Nous sommes au 2ème ravito 21.5 km 400D+ (je prends moins d'une minute sur ce ravito), il reste 800 D+ et dans ma tête: 800 D+ pour 8 km, on va mourir. Il fait chaud mais y a une brise. Sur certaines portions je souffre sur d'autres moins. Je bois et mange des dattes, régulièrement. Je me sens bien. Je suis étonnée...

2h15 au 22ème km. 

Je vois les coureurs en serpent qui marchent vers la table dont Hafedh. Malgré le fait, que je sois en avance par rapport à mes estimations, je décide de ne pas me relâcher et de courir même sur 20m dès que je peux surtout que mes jambes tiennent le coup. Je rejoins Hafedh, on pose pour quelques photos et on finit ensemble les 5 derniers km. Je ne me relâche pas et je cours dès que je peux, je galope sur les pierres mais dès que je sens que je prends des risques je marche..
A un moment, j'ai l'impression qu'on arrivera jamais à cette table bien que j'entends les bruits de la fête mais on y est juste au moment où je suis devenu trop impatiente. Le tapis est en bas mais on doit monter les 150 marches pour avoir notre médaille. Je suis émue, je monte les marches en ayant la gorge serrée et pourtant je n'ai pas vraiment souffert mais je ne sais pas, enfin si...


Sinon, 

Mention spéciale pour cette course tout simplement ! Tout était au top :

  • Choix du parcours
  • Balisage
  • Ravitaillement en quantité et en qualité
  • Sécurité  (il devait y avoir un agent de la garde nationale tous les 200 mètres)


Encore bravo aux organisateurs et aux autorités locales et régionales ! A très vite !

La seconde édition aura lieu le 27 avril prochain ! Ne la ratez pas !



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire