Embarquée dans l'aventure malgré moi...
L’idée de faire un marathon à l’étranger a été soufflée, au
printemps, par celle qui m’a embarquée sur mon premier semi-marathon …l’idée
était géniale, mais me semblait utopique : primo, je n’avais jamais couru
plus de 21 km et secundo, je ne courais pas depuis assez longtemps pour prétendre boucler un 42km à
l’étranger.
Les mois passèrent et le choix fût porté sur le marathon de
Paris (pas par moi mais par quelques joggers). Ensuite, vint le moment de s’inscrire, il
fallait faire vite, vu l’engouement sur cette course et le nombre limité de
dossards. Je crois que jusqu’au jour où, je demandais à un des joggers de faire
l’inscription pour moi, je n’ai jamais intégré l’idée du marathon. Mais j’étais
embarquée dans l’aventure, encore une fois, presque "à l’insu de mon plein
grès". Emportée par la foule…je pense que
j’ai eu beaucoup de chance de connaitre le groupe des joggers, ils représentent
un vrai réservoir de conseils et
d’énergie (certains d’entre eux, ont fait et refait le marathon de paris et plein d'autres encore…) et donc, on se
sent tellement petit à côté d’eux qu’on finit par se surpasser, surtout en
étant une femme. Aujourd’hui, je crois que j’ai gagné ma place, le doyen m’appelle
« championne » et c’est de loin la plus belle des récompenses.
Ma mère s'y est mise aussi :) |
Commence la prépa...
Maintenant que je m’étais inscrite (septembre 2014), il
fallait assurer…je savais qu’il fallait un plan de préparation (sans vraiment
savoir de quoi il s’agissait).. Ce qui est certain, c'est que je m’étais investie dans ce
projet corps et âme, en même temps que sur le plan personnel démarrait pour moi une nouvelle
vie, ce marathon marquerait alors une première
victoire …
Alors, le plan d’entrainement se déroule sur 12 semaines
(pour un beginner du moins), mon marathon étant programmé pour le 12 avril, ma
préparation démarrait en janvier, j’avais encore le temps. Quand on a une date buttoir,
comme celle là, du moins pour ce qui me concerne, c’est comme si je retenais
mon souffle, perfectionniste de nature, il fallait que je mette toutes les
chances de mon côté.
Durant les mois qui ont précédé le début de la
préparation, je faisais un stock de conseils, de plans et je m’équipais
(nouvelles chaussures et aussi et surtout une montre Garmin). Je m'étais mis comme objectif de faire ce premier marathon en moins de 4h, Celui qui deviendra
mon meilleur compagnon des sorties longues (Merci Samy) préparait un marathon à la même
période et avait un plan marathon sur 13 semaines pour boucler le marathon en
3h45, c’est ce plan là que j’avais décidé de suivre. Il était assez simple dans la mesure où je devais juste respecter un certain nombre de kilomètres et une allure!
Bien sûr, je n’ai pas eu droit qu’à des encouragements,
certains m’ont dit, tu prends la chose trop sérieusement, d’autres m’ont répété « pourquoi Paris pour un
premier marathon, c’est trop grand pour toi », et j'ai eu droit aussi, à « moins de
4h pour un premier marathon?!Trop ambitieux »…bien sûr, ce sont des phrases qui ont augmenté les doutes mais
aussi et en même temps, ma volonté d'y arriver et toute
la pression qui va avec ! je ne prends que le positif…
Quelques semaines avant le début de la préparation, mon
genou a commencé à me faire souffrir, je suis allée consulter, le médecin était
catégorique : « laisse tomber la course à pied, c’est trop
traumatisant ». Je souffrais, d’un syndrome fémoro-patellaire. Je me suis
renseignée un peu documentée et après un repos de quelques jours qui n’arrangeait
pas la douleur, je décide d’acheter une genouillère et de faire de la
rééducation mais aussi de m’inscrire en salle pour faire du renforcement en
même temps que commençait ma prépa marathon. Non ! je ne laisserai pas
tomber!
une de mes premières très longues sorties, il y a un peu plus d'un an... |
Les semaines défilent, la douleur est toujours présente, je
fais mes séances de fractionné, de seuil (des notions que je ne connaissais
pas…) mes sorties longues, je lutte contre la douleur…il y a eu des jours où je
trainais la jambe et d’autres où la douleur était partie. J’accumulais les
kilomètres (une soixantaine par semaine), j’ai programmé une course à
l’étranger …j’allais régulièrement en salle, je voyais que je
progressais (je mets ici un lien vers mon profil Garmin), je prenais vraiment
beaucoup de plaisir à faire cette préparation, comme un projet qu'on voit grandir et évoluer...En même temps, j’attrapais
tous les virus de l’hiver : les séances de seuil et de fractionné font
baisser l’immunité et vu que mon alimentation n’était pas du tout adaptée à mon
niveau d’entrainement, c’était le revers de la médaille…
Je suivais le plan, non pas à la lettre, mais le plus
studieusement possible, en composant avec ma vie de maman et ma vie
professionnelle…
Aujourd’hui, après deux marathons bouclés, j’affirme du haut
de ma très modeste expérience, le plus dur dans un marathon (du moins pour moi) c’est sa
préparation, je ne dis pas qu’il faut s'embarquer dans un marathon sans
préparation, ça serait inconscient et vous risquerez de dire à dieu à la course
à pied mais voilà…
Quelques jours avant la date fatidique...
Pendant les 12 ou 13 semaines de préparation, j’ai
« vécu » pour ce jour…tout le reste était
« accessoire »…une semaine avant, je me décide tout de même à faire
le plein de carbohydrates (pâtes) et de réserves en fer…je fais toujours de la
rééducation, mon genou n’est pas rétabli, je gère et j’ignore la douleur…ma
tenue était prête, mais quelques jours avant je décide quand même de prendre
mes précautions en achetant un t-shirt demi manches (il parait qu’il fera très chaud)…
Ma
devise dans la vie c’est d’être le plus prévoyant possible pour éviter les
aléas autant que possible…et c’est ce que j’avais fait pour la préparation de
cette course sauf que la veille du départ (jeudi 9 avril) lors de la séance d’échauffement (on
l’appelle comme ça, c’est bizarre de s’échauffer 4 jours avant la course quand
même), je m’étais blessée…je ressentais un noeud à l'arrière de ma cuisse!
J-2
Le vendredi matin, je passe chez la Kiné avant de prendre l’avion prévu à 15h, pour une dernière séance .Le plan était d’arriver à l’heure du dîner pour décompresser, dîner tranquillement et avoir droit à une bonne nuit de sommeil. Mais la vie, en a voulu autrement, le vol a été annulé et remplacé par un autre qui part à 19h. Encore heureux, que j’avais mes affaires dans mon bagage à main, sinon vu la poisse, j’aurais perdu mon bagage...
Bref, retards cumulés, j’arrive à 1h du matin, sans
dîner chez l’amie qui m’hébergeait. Ni dîner, ni décompression, ni longue nuit
de sommeil, je me lève tôt, RDV avec quelques joggers oblige pour récupérer mon
dossard au village d’exposition.
Au salon du running (Crédit photo Ridha Ben Gamra) |
Je passe la matinée au village à traîner ma jambe, mon genou
me faisait horriblement souffrir…puis l’après midi à faire du shopping,
malgré les conseils de mes amis runners de m’abstenir, mais comment être à
Paris sans faire du shopping !? Cependant, j’ai passé la journée à manger
pour faire le plein d’énergie (je crois que de ma vie je n’avais pas autant
mangé de pâtes).
D-Day
Le RDV manqué! |
Bien évidemment, je n’avais pas bien dormi cette nuit là, je me réveille à l’heure prévue, je m’habille, me gave encore, et je sors prendre le métro, j’avais rendez vous avec mes amis runners tunisiens du groupe venus faire le marathon (nous étions une dizaine je crois), sous l’arc de triomphe. Je me perds en rejoignant la station de métro, je rate le rendez vous, j’arrive en sueur, je dois déposer mon sac dans les vestiaires qui sont à l’autre bout de l’avenue (demandez toujours où se trouvent les vestiaires par rapport au SAS de départ à fin de vous prendre vos dispositions), mon départ est prévu, dans 30 minutes et je ne sais plus où j’en suis…je ne vois aucun visage familier, j’arrête de réfléchir et je cours, je fais la queue pour aller aux WC et je recours vers le SAS de départ, je ne sais pas quelle direction prendre ! un grand moment de solitude, puis j’aperçois un des joggers qui est dans un autre SAS de départ, il est bien installé, il veut faire une photo avec moi, j’accepte…puis je repars, il y a foule devant mon SAS de départ (3h45), pendant quelques minutes j’ai vraiment pensé que je raterai mon départ, j’ai même entendu un participant dire « oh ! c’est pas grave, si on rate le départ du SAS 3h45, on prendra celui d’après »…
Juste avant le départ (Crédit photo Riadh Bouzayene) |
Bon, finalement, j’y suis arrivée, j’ai le temps de
reprendre mes esprits et je prends le départ au milieu d’une musique
assourdissante, je fais fonctionner ma garmin, mon campagnon le plus fidèle
pour le marathon de Paris…au moment où je frôle le tapis du départ…
Top Départ
Here we go, j’étais concentrée, je n’avais plus du tout mal au genou, j’étais heureuse…partie pour l’aventure, vraiment déterminée, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de contrariétés durant ma préparation mais aucune, vraiment aucune, durant ces 42.195 merveilleux km dans la plus belle au monde, j’ai couru, pour ma mère, pour ma fille, pour mes amis qui ont cru en moi et m’ont encouragée, pour ma vie future, pour celles et ceux que la vie a privé de ce moment…Quand on court un marathon comme celui de Paris avec 40000 participants, on ne s’ennuie pas…j’attendais le 21ème km, je me ravitaillais, je buvais, respirais, checkais ma montre et mon bracelet des temps de passage, J’ai géré ce premier marathon comme un examen…la foule applaudissait, la ville, bougeait, je suis incapable de dire à quel moment j’ai ressenti de la fatigue, parce que tout simplement j’étais très concentrée, peut être un peu trop, au point d’avoir failli me faire renverser par une voiture de police (une participante a du me bousculer pour que je m’écarte de la route).
Bref, au 28ème,
je rencontre un ami, qui avait préparé le marathon si studieusement, en suivant
les trucs de FCM et de VMA auquels je ne comprenais rien et que je ne voulais même pas
intégrer, il me dit qu’il était un peu en souffrance et de continuer ma route, je me sentais bien je l'avoue... puis vint le 30ème km, je cherche le mur mais ne
le trouve pas. Peut être au 32ème alors, mais non
, au 35ème… toujours rien. C’est vrai qu’au 38ème km,
j’avais perdue toute sensation de mes muscles…dans mon esprit tout était confus,
la musique me donnait un mal de tête, j’avais hâte d’être au ravitaillement du
40ème pour prendre un peu d’énergie…puis je pensais à la photo du 41ème
qui allait être postée sur mon mur facebook… Ah oui j’oubliais, jusqu’à la tout va bien
dans le meilleur du monde au niveau du chrono, si je continue comme ça je
finirais en moins de 4h, j’étais tentée par le 3h50 même !
La photo au 41ème km |
J’arrive au 40ème je me ravitaille, je marche
quelques mètres, je pense à toutes les personnes qui n’ont pas cru en moi, au
bonheur de franchir la ligne d’arrivée, dans 2km, je deviendrai marathonienne
et voilà : j’y suis 3h54 mn ! Pari tenu ! on m’a dit que je
pleurerai à l’arrivée, mais non, j’étais heureuse, satisfaite, fière, j’en
filais ma médaille, pris mon t-shirt…j'avais envie d'embrasser toutes les personnes que je trouvais sur mon chemin...me dirigeait vers les vestiaires pour
prendre mon téléphone et appeler les personnes qui me suivaient sur
l’appli…
J’étais déterminée, à ne plus refaire de marathon…trop de
stress, trop de souffrances, une préparation trop longue, en tant que maman,
c’était parfois ingérable et doublement frustrant…même si la victoire est
double…le plaisir décuplé…même quelques mois après je récidive avec le marathon de la Comar!
Encore une fois, la course à pied à travers ce marathon m'a donné l'occasion de vivre passionnément des émotions uniques, de me dépasser, de reprendre confiance...
Merci la vie de m’avoir permis de vivre ces moments…merci à mon genou et à mon corps …merci à ceux qui m'ont accompagnée et soutenue, aux autres aussi, j’ai partagé cette course avec 40000 coureurs venus de partout dans le monde, à chacun son vécu, ses objectifs et ses motivations mais la passion de la course à pied nous a réuni…
Je souhaite à chacun, de vivre des moments aussi intenses…dans la pratique de ce qu’il aime…
PS:Je pourrais écrire des pages et des pages pour vous raconter la préparation de cette course et vous transférer mes émotions et mon bonheur de l’avoir fait, c'est drôle comment tous les détails des sorties de running restent gravés dans ma tête. Mais de toute manière, si vous voulez en savoir davantage sur quoi que ce soit n’hésitez pas à m’écrire pour le demander, soit en commentaire sous l’article, soit par mail à l’adresse runneusetunisienne@gmail.com
Beau récit. Bravo pour ta course. Beaucoup de mérite.
RépondreSupprimerMerci Saoud ! Vous êtes vraiment une source d'inspiration!
SupprimerPS : j'ai oublié de parler des fromages qu'on a mangé au Salon !
Tu n as pas pleure..moi j ai verse ma petite larme en lisant ton article !je suis en train de vivre les memes defis,les memes boulversements dans ma vie privee , et crois moi tu as ete et tu es tjrs un exemple a suivre pour moi! Bravo
RépondreSupprimerTu n as pas pleure..moi j ai verse ma petite larme en lisant ton article !je suis en train de vivre les memes defis,les memes boulversements dans ma vie privee , et crois moi tu as ete et tu es tjrs un exemple a suivre pour moi! Bravo
RépondreSupprimerMerci @molka! Je suis ravie et touchée que mon récit t'inspire et te plaise!
SupprimerCe que tu ne sais pas, ce que j'etais parmis ceux qui suivaient ton évolution lors de ce marathon, je ne te conaissait pas personellement mais je connaissais la runneuse que tu es. Et en te suivant toi et tous les amisqui ont fait ce marathon , que j'ai pris ma decision "secrete" de faire un marathon prochainement.
RépondreSupprimerC'est son doute ta plus grande victoire que de donner envis aux autres de faire un marathon.
Merci Skander de Me lire et Merci pour ton commentaire! je suis ravie et honorée de t'avoir donner cette envie....j'espère que la passion du running sera de plus en plus partagée dans notre pays...pour en faire un vrai phénomène!
Supprimerjoli récit et bravo !
RépondreSupprimerMerciiii :)
SupprimerEncore bravo Heifa. Tes publications sont extraordinaires pour plusieurs raisons:
RépondreSupprimer- Ton style d'écriture,
- L'absence de fautes d'orthographe etc., là où elles sont devenues la règle dans la presse écrite ainsi que dans les grandes affiches publicitaires,
- Tes anecdotes,
- Ton désir de partager de ta passion pour le sport et le running en particulier,
- Ta volonté de transmettre ces émotions et de vouloir encourager les sédentaires à bouger et les coureurs à tenter de nouvelles expériences,
- Ton partage sur des sites étrangers qui permet à donner une image plus reluisante de notre pays que celle morose présente dans les actualités.
Encore une fois bravo. Nous contribuons ainsi tous à notre manière, en courant et en partageant ces émotions à améliorer notre bien-être ainsi que celui d'autres personnes.
C'est Selim Torgeman qui t'a écrit le commentaire ci-dessus
SupprimerEncore bravo Heifa. Tes publications sont extraordinaires pour plusieurs raisons:
RépondreSupprimer- Ton style d'écriture,
- L'absence de fautes d'orthographe etc., là où elles sont devenues la règle dans la presse écrite ainsi que dans les grandes affiches publicitaires,
- Tes anecdotes,
- Ton désir de partager de ta passion pour le sport et le running en particulier,
- Ta volonté de transmettre ces émotions et de vouloir encourager les sédentaires à bouger et les coureurs à tenter de nouvelles expériences,
- Ton partage sur des sites étrangers qui permet à donner une image plus reluisante de notre pays que celle morose présente dans les actualités.
Encore une fois bravo. Nous contribuons ainsi tous à notre manière, en courant et en partageant ces émotions à améliorer notre bien-être ainsi que celui d'autres personnes.
Merci Selim! Merci de me soutenir! c'est grâce à des gens comme toi que je trouve encore plus de motivation! Merci de prendre le temps de me lire et de me commenter!!! Bravo à toi pour ta détermination et ta persévérance!je me rappelle de la première sortie longue sous la pluie! on va a emmené faire un 32 km :)
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