27 octobre 2015

Un ami (connu grâce à la course à pied) m’a dit « tout parait si simple avec toi » et pourtant, peu importe l’expérience qu’on a derrière soi, il n’y a que le doute qui nous fait avancer. Contrairement à lui, je n’avais pas spécialement préparé ce marathon « The Comar » comme je l’appelle.
Dimanche 20 septembre 2015
Je venais à peine de reprendre les
entrainements à la suite d’un repos forcé de 3 semaines, durant lesquelles je
me rétablissais d’une blessure, une tendinite aux chevilles ; quand un
autre ami m’a embarqué avec lui dans ses sorties longues pour préparer le
marathon de New york. Lors de la deuxième sortie, le fameux tour du lac, il me
souffla l’idée de faire le marathon de la Comar. « Mais tu es
fou ?! » avais je répliqué. Mais l’idée avait germé. Durant la
semaine, j’ai contacté mon compagnon des longues sorties pour lui demander s’il
voulait faire partie de l’aventure ; sa réponse n’était pas encourageante
mais il était au rendez vous le dimanche d’après pour une sortie de 30 km. Décision
n’était pas encore prise, il fallait encore attendre les prévisions météo : la
chaleur étant l’ennemie du coureur.
Au fur et à mesure des semaines, la date approchait, je voyais sur le site Garmin et les profils facebook de mes amis runners, les kilomètres défiler alors que je me contentais de deux mini sorties en semaine sans passer par la case fractionné, ni dépasser les 50 km par semaine. A tout cela se rajoutaient quelques soucis de santé, une bronchite. En même temps, mon ami (celui du marathon de New York), n’arrêtait pas de me booster « je vous accompagnerai à vélo disait-il ». Dans ma tête une petite voix me disait de foncer et une autre me disait « tu es complètement malade, tu vas te planter ». Finalement je crois que c’est cette envie de dépasser l’échec qui m’a poussée. Tester ses limites, voilà une phrase que j’emploierai souvent, pas forcément physiques mais mentales, car sur un 42 km, il y a un background physique indispensable certes, mais il y a aussi beaucoup de souffrance mentale à laquelle il faut être préparé. Mais pourquoi le faire alors ? Ce blog est justement destiné à vous donner des éléments de réponse. Nous courons tous pour des raisons différentes mais c'est essentiellement pour la vie que nous le faisons, le plaisir ...
Au fur et à mesure des semaines, la date approchait, je voyais sur le site Garmin et les profils facebook de mes amis runners, les kilomètres défiler alors que je me contentais de deux mini sorties en semaine sans passer par la case fractionné, ni dépasser les 50 km par semaine. A tout cela se rajoutaient quelques soucis de santé, une bronchite. En même temps, mon ami (celui du marathon de New York), n’arrêtait pas de me booster « je vous accompagnerai à vélo disait-il ». Dans ma tête une petite voix me disait de foncer et une autre me disait « tu es complètement malade, tu vas te planter ». Finalement je crois que c’est cette envie de dépasser l’échec qui m’a poussée. Tester ses limites, voilà une phrase que j’emploierai souvent, pas forcément physiques mais mentales, car sur un 42 km, il y a un background physique indispensable certes, mais il y a aussi beaucoup de souffrance mentale à laquelle il faut être préparé. Mais pourquoi le faire alors ? Ce blog est justement destiné à vous donner des éléments de réponse. Nous courons tous pour des raisons différentes mais c'est essentiellement pour la vie que nous le faisons, le plaisir ...
Bref, nous sommes le lundi
19 octobre,
Décision est prise de faire le marathon de la Comar. Mais à
ce moment là mon corps n’était pas du tout prêt. Je ne guérissais pas de la
bronchite et j’accumulais les insomnies (encore un ennemi du coureur). J'appelle au secours une amie runneuse (sur la photo au début de l'article), qui je dois dire, trouva les mots exacts pour me redonner du courage.
Mardi 20 octobre
Je récupère les dossards pour mon compagnon et moi, et le doute s’installe. Dans ma tête, défilent toutes ses phrases, « le nombre d’abandons sur le marathon de la comar est très élevé », « le parcours est très dur », « il faut bien s’entrainer », et d’ailleurs plusieurs de mes amis joggers ont déjà abandonné malgré le fait qu’ils ont performé sur d’autres marathons…
J’avais le choix entre me laisser emporter par cette vague de doutes ou me concentrer sur la ligne d’arrivée. Je décide alors de préparer ma playlist. Ce fût ma première victoire, vu que je n’ai jamais su manipuler cet outil qu’est l’i-tunes. La bronchite est encore là mais dans ma tête samedi soir elle sera partie. Je commence alors à visualiser le parcours, cette longue ligne droite que j’avais déjà connue, lorsque j’avais fait le semi-marathon de la comar en 2014, entre le pont de Rades et la ligne d’arrivée.
Mardi 20 octobre
Je récupère les dossards pour mon compagnon et moi, et le doute s’installe. Dans ma tête, défilent toutes ses phrases, « le nombre d’abandons sur le marathon de la comar est très élevé », « le parcours est très dur », « il faut bien s’entrainer », et d’ailleurs plusieurs de mes amis joggers ont déjà abandonné malgré le fait qu’ils ont performé sur d’autres marathons…
J’avais le choix entre me laisser emporter par cette vague de doutes ou me concentrer sur la ligne d’arrivée. Je décide alors de préparer ma playlist. Ce fût ma première victoire, vu que je n’ai jamais su manipuler cet outil qu’est l’i-tunes. La bronchite est encore là mais dans ma tête samedi soir elle sera partie. Je commence alors à visualiser le parcours, cette longue ligne droite que j’avais déjà connue, lorsque j’avais fait le semi-marathon de la comar en 2014, entre le pont de Rades et la ligne d’arrivée.
Nous sommes jeudi 22 octobre,
Je me lève toute courbatue, j’avais eu, la veille, la brillante idée de tester de nouveaux exercices dans le cours de body pump à la salle de sport. Rien de ce qui pourrait arriver ne me ferait abandonner l’idée de faire ce Comar, déjà que j’ai galéré pour trouver qui se chargerait de garder ma fille…
Vendredi 23 octobre
Je me lève toute courbatue, j’avais eu, la veille, la brillante idée de tester de nouveaux exercices dans le cours de body pump à la salle de sport. Rien de ce qui pourrait arriver ne me ferait abandonner l’idée de faire ce Comar, déjà que j’ai galéré pour trouver qui se chargerait de garder ma fille…
Vendredi 23 octobre
Commence le gavage en sucres lents, les dés étaient
jetés. Je mis la dernière touche à ma tenue : j’ai ce trouble compulsif du
comportement d’acheter systématiquement quelque chose de nouveau à 2 jours de
chaque compétition. J’avais caché à mes amis runners que je les accompagnais
dans l’aventure de peur d’avoir droit à certaines remarques qui me
décourageraient. Ma mère m’a d’ailleurs dit : « si tu te sens
fatiguée arrête toi et rentre »
Dimanche 25 octobre D-day
Dimanche 25 octobre D-day
Réveil à 5h30 pour me gaver en céréales, j’hésitais encore
entre deux paires de running, celles que j’avais depuis quelques mois et qui
n’étaient pas si confortables ou une autre,
nouvellement acquise avec laquelle je n’ai pu courir que deux fois durant la semaine. J’avais préparé et couru le marathon de paris avec
l’ancienne version de ce modèle et j’en étais entièrement satisfaite. Mais, il
est bien connu, il ne faut pas se lancer sur une compétition, surtout un
marathon avec de nouvelles chaussures. Je chaussais les anciennes en prenant
avec moi les nouvelles au cas où je changerais d’avis à la dernière minute. Le
doute et l’hésitation jusqu’à la dernière seconde…
H-1
Nous voilà sur l’avenue Habib Bourguiba, j’avais rendez vous avec des amies runneuses de Sousse, on prend la pause, je reçois leurs félicitations pour mon courage, la pression monte encore, je ne veux pas les décevoir, ni me décevoir. Mon groupe de runners commence à arriver, ils découvrent mon dossard, non sans surprise. Je ne saurais pas dire ce qu’ils ont pensé tout bas mais dans ma tête tous pensaient que j’allais me planter.
H-1
Nous voilà sur l’avenue Habib Bourguiba, j’avais rendez vous avec des amies runneuses de Sousse, on prend la pause, je reçois leurs félicitations pour mon courage, la pression monte encore, je ne veux pas les décevoir, ni me décevoir. Mon groupe de runners commence à arriver, ils découvrent mon dossard, non sans surprise. Je ne saurais pas dire ce qu’ils ont pensé tout bas mais dans ma tête tous pensaient que j’allais me planter.
Donc, pour résumer, il est 8h, ma mère a annulé ses
engagements pour garder ma fille et que je puisse participer à la course, mes
amis runners qui ont des dizaines d’années d’expériences pensent que le
marathon de la comar est un vrai calvaire ; et moi je me présente sur la
ligne de départ avec mes résidus de bronchite, très peu de kilomètres dans
les jambes, aucune séance de fractionné, un esquieau qui me fait mal et je suis
convaincue tout de même de pouvoir finir en moins de 4h15. Mais, je dois
l’admettre : je me sens en forme ce matin.
Top départ,
Top départ,
Le deal est de faire ce marathon avec un esprit
de sortie longue du dimanche. Les dix premiers kilomètres passent assez
rapidement je dois dire, dans la joie et la bonne humeur, nous arrivons au
moment où les participants du semi marathon rebroussent chemin et c’est là que
commence le long moment de solitude, nous sommes tout au plus une centaine à
faire le marathon mais je m’y étais préparée. Seul hic à ce moment, je suis
prise d’une envie pressante, mais quand on est une femme, on y a pas droit en
Tunisie : pas de sanitaires. Je
m’interdisais de m’ennuyer avant de terminer les 21 km, et oui c’est au 22ème kilomètre que la vraie course commence. Même si, je n’avais pas d’objectif de
performance, je n’avais nullement envie de courir beaucoup plus que 4h. En fait je suis de
nature pressée et impatiente. Je m’efforçais donc de voir le verre à moitié
plein, il ne fait pas chaud, plus de 2h se sont écoulées, nous arrivons au
niveau du Lac 2 et c’est là que mon ami à bicyclette vient à notre rencontre
avec les bananes, nous rechargeons les
batteries et nous repartons.
Prochain objectif (dans ma tête bien évidemment), le rond point où nous rebrousserons chemin. Arrivés au lac 2 au niveau des cafés et restaurants, nous voyons ceux qui rebroussent déjà chemin, j’aperçois quelques uns des autres joggers. Ma garmin indique les 25 km, nous sommes sur le chemin du retour, il n’en reste que 15, bon 17 km. Je vous l’ai dit j’ai décidé d’être positive. Mon partenaire de course me dit « allez, le prochain objectif c’est le grand rond point qui annoncera la dernière ligne droite ». Peu avant, notre ami à vélo vient à notre rencontre et décide de nous tenir compagnie, beaucoup de bavardage….il nous conseille de rester ensemble jusqu’au 35ème km au moins. A vrai dire je n’étais pas encore fatiguée, je tenais le cap. J’étais heureuse. J’aperçois au loin le point de Radès, mais les kilomètres défilaient et il semblait encore loin. Sans m’en rendre compte je commence à lâcher mon partenaire mais je ne pouvais pas faire autrement, si j’avais ralenti, la fatigue m’aurait gagnée. Je commence à doubler d’autres coureurs, bien plus entrainés et forts que moi, tout en regagnant de l’énergie, je me concentre sur la ville de Tunis qui semblait encore si loin, je suis à 7 km, l’équivalent de 8 tours au parcours d’El menzah, là où tout a commencé.
A présent j’étais seule avec ma
playlist, le track que j’écoutais faisait partie de la sountrack des mills d’un
cours de RPM, une chanson entrainante run run, je l’écoute, 2, 3, 4, puis 5 fois et
j’accélère, les derniers kilomètres défilent assez rapidement, j’arrive au niveau des fleuristes,
J’aperçois des gens, des voitures, je suis en ville et plus à no man land, plus
que quelques mètres, la circulation est rétablie mais le policier qui
m’aperçoit courant à 11km/h arrête les voitures. Je traverse le dernier rond
point, je vois l’arrivée, les chevaux de frises, j’entends des applaudissements,
mes amis sont venus m’attendre, j’y suis, je frôle le tapis et je me
retourne…les larmes aux yeux. Défi relevé. The Comar Done. 4h05 et quelques
secondes. Pas de crampes, pas de mur…Mon deuxième marathon bouclé. I’m happy...
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L'ami à vélo |
Prochain objectif (dans ma tête bien évidemment), le rond point où nous rebrousserons chemin. Arrivés au lac 2 au niveau des cafés et restaurants, nous voyons ceux qui rebroussent déjà chemin, j’aperçois quelques uns des autres joggers. Ma garmin indique les 25 km, nous sommes sur le chemin du retour, il n’en reste que 15, bon 17 km. Je vous l’ai dit j’ai décidé d’être positive. Mon partenaire de course me dit « allez, le prochain objectif c’est le grand rond point qui annoncera la dernière ligne droite ». Peu avant, notre ami à vélo vient à notre rencontre et décide de nous tenir compagnie, beaucoup de bavardage….il nous conseille de rester ensemble jusqu’au 35ème km au moins. A vrai dire je n’étais pas encore fatiguée, je tenais le cap. J’étais heureuse. J’aperçois au loin le point de Radès, mais les kilomètres défilaient et il semblait encore loin. Sans m’en rendre compte je commence à lâcher mon partenaire mais je ne pouvais pas faire autrement, si j’avais ralenti, la fatigue m’aurait gagnée. Je commence à doubler d’autres coureurs, bien plus entrainés et forts que moi, tout en regagnant de l’énergie, je me concentre sur la ville de Tunis qui semblait encore si loin, je suis à 7 km, l’équivalent de 8 tours au parcours d’El menzah, là où tout a commencé.
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Au 30ème kilomètre |
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Au niveau des fleuristes |
Un mental de wineuse!
RépondreSupprimerMerci Dorra!
SupprimerTu nous entraîne avec toi dans ton récit et on a l'impression de courir "The Comar" avec toi :)) Bravo Heifa
RépondreSupprimerje te souhaite de le faire nesrine!
SupprimerBravo Heifa! Superbe article, comme dit Nesrine, tu nous fais vraiment partager l'expérience avec toi!
RépondreSupprimerpeut être qu'on le fera ensemble l'année prochaine! heureuse de vous faire partager mes émotions!
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